Trésorerie crypto en entreprise : avantages et limites

Trésorerie crypto : quels enjeux pour les entreprises ?
Intégrer des actifs numériques à la trésorerie peut diversifier l’épargne de l’entreprise, mais impose une discipline comptable et fiscale supérieure à celle des particuliers.
Un régime fiscal encadré
Contrairement aux investisseurs individuels, une société doit calculer son résultat crypto actif par actif. Chaque cession génère un produit ou une charge selon la différence entre valeur de vente et valeur comptable.
- Les plus-values augmentent le résultat imposable.
- Les moins-values deviennent des charges financières déductibles, sans plafond spécifique autre que le dispositif général (1 M€ + 50 % de l’excédent).
- Les échanges crypto/crypto sont imposables : acheter du BTC avec du BNB déclenche la taxation sur le BNB cédé.
Avantages potentiels
- Souplesse de trésorerie : les actifs numériques restent mobilisables 24/7.
- Optimisation fiscale : les pertes crypto s’imputent sur les bénéfices futurs sans limite de temps.
- Diversification : exposition à une nouvelle classe d’actifs, éventuellement couplée à des rendements DeFi institutionnels.
Points de vigilance
- Volatilité : la valeur de l’actif fluctue fortement et peut dégrader les capitaux propres.
- Complexité administrative : chaque transaction doit être documentée (taux de change, frais, justificatifs).
- Absence de neutralisation : impossible de différer l’impôt tant que les fonds restent en crypto ; les arbitrages sont imposables immédiatement.
Bonnes pratiques de gouvernance
- Politique d’investissement claire : montant maximum alloué, actifs autorisés, mécanisme de couverture.
- Procédures comptables : chartes de comptes adaptées, rapprochements réguliers entre wallets et comptabilité.
- Outils spécialisés : privilégier des solutions capables d’automatiser la valorisation et la production de rapports fiscaux.
- Veille réglementaire : surveiller les évolutions MiCA, fiscalité IS et obligations de reporting.
Exemple d’utilisation
Une société investit 300 000 € en BTC et ETH. En fin d’exercice :
- La position BTC affiche +80 000 € : produit imposable.
- La position ETH affiche −40 000 € : charge financière déductible imputée sur le résultat et reportable si besoin.
La combinaison peut réduire sensiblement l’impôt sur les sociétés, à condition d’avoir une traçabilité parfaite.
En résumé
La trésorerie crypto n’est pas réservée aux entreprises Web3. Elle peut soutenir la diversification et optimiser le résultat fiscal, à condition de piloter rigoureusement les flux et de maîtriser l’impact comptable. S’appuyer sur des experts et des outils spécialisés est indispensable pour transformer cette stratégie en avantage compétitif plutôt qu’en risque opérationnel.